L’année 2020 a été frileuse pour les entreprises en matière de dynamique d’évolution des salaires ou d’octroi de bonus. Ont-elles été en capacité de le faire en 2021 ?
Comme vous le dites, l’année 2020 avait été frileuse et le 1er confinement de cette année-ci avait fait découvrir à plusieurs de nos entreprises, leur fragilité.
Certaines parmi celles-ci n’étaient même plus en mesure d’appliquer l’actualisation du Smig de +5% en juillet 2020, comment peut-on leur demander de verser primes et 13è mois alors qu’elles étaient incapables de maintenir un minimum de salaire.
Qu’en est-il de 2021 ?
Non, cette année-ci sera le prolongement de 2020 pour la simple raison que pratiquement toutes les entreprises sont en mode «let’s wait and see».
La plupart des entreprises dont des multinationales, clientes de GESPER Services, et qui ne sont pas des moindres, ne cessent de nous dire que leur département de veille économique n’arrête pas de tirer la sonnette d’alarme car l’histoire de la Covid et de ses « variants » n’est pas prête d’être cernée.
Nous ne sommes pas encore sortis de cette pandémie, donc toute prévision en matière d’investissement se doit d’être bien étudiée pour ne pas dire bloquée jusqu’à l’apparition d’un quelconque espoir d’éclaircie.
Nous n’arrêtons pas d’entendre par ci et par là qu’il y a une reprise et que certaines entreprises recrutent et augmentent leur personnel mais ceci ne représente que quelques rares entreprises. N’oublions jamais l’adage bien connu «qu’une hirondelle ne fait pas le printemps».
Certaines entreprises, dont l’activité se prête bien à cette situation, particulièrement celles liées au domaine « informatique » par exemple, tirent leur épingle du jeu avec cette histoire de Covid mais combien sont-elles ?
Dans ces conditions, comme pour 2020, il ne sera pas question d’augmentations de salaires ni de primes quelconques, sauf bien entendu les commissionnements des commerciaux qui seront rémunérés sur leurs résultats. Pas d’augmentations de salaires ni même des primes habituellement versées durant les précédentes années.
A combien estimez-vous les progressions des salaires pour cette année ? Et quels sont les secteurs les plus dynamiques sur cette question ?
Comme dit tout à l’heure, si progression de salaire il y aura, elle se limiterait à du soupoudrage du salaire de base pour les entreprises les plus généreuses sauf bien sûr pour les commerciaux (directeurs responsables, ou simples commerciaux) qui eux, bénéficient de salaires variables rémunérés sur résultats.
Seule cette catégorie de fonctions ne connait pas et ne connaîtra jamais la crise car sa part variable est basée sur les performances, car, soit vous vendez et donc vous aurez droit à vos commissions, soit vous ne réaliserez pas de performances et dans ces conditions vous risquerez d’être remerciés.
Globalement, je ne dirai pas qu’il y ait progression de salaires mais plutôt que la réalité et le pragmatisme seraient pour le gel de toute augmentation et de toute distributions de primes NON LIEES à des résultats.
A quoi faut-il s’attendre pour 2022 ?
Avec les apparitions fréquentes des variants de la Covid-19, je serai tenté de dire qu’il ne faut s’attendre à rien car 2022 sera le début de la gestion de ce que l’on peut appeler «la gueule de bois» si on se limiterait au variant Omicron.
Les conséquences de la Covid seront visibles et «évaluables» à partir de cette année et seront à étaler sur les trois prochaines années.
Je pense que l’on ne pourra voir le bout du tunnel qu’en 2025 et à l’heure actuelle cette prévision est optimiste.
Qu’en est-il des conséquences sur l’engagement des salariés ? A votre avis, quelle stratégie mettre en place ?
Je serai tenté de dire que les entreprises, dans leur globalité, seront prudentes par rapport au passé dans ce domaine de gestion des rémunérations.
Déjà que la majorité des entreprises au Maroc ne disposent pas de politique de gestion des rémunérations digne de ce nom et ce, grâce à certaines contraintes légales de loi comme par exemple un +5% pour prime d’ancienneté après deux années soit une moyenne simple de 2,5% par an au moment où le taux d’inflation officiel atteint à peine 1%.
Non cette histoire de la Covid-19 fera en sorte que toute augmentation de salaire obéira à une règle stricte : Qu’a apporté le salarié à l’Entreprise, en plus du minimum du poste, pour mériter une augmentation de salaire?
Si le salarié n’a fait que son travail sans aucune performance, il s’estimera heureux de garder son travail et n’aura pas à demander une quelconque augmentation.
N’oublions pas que depuis cette histoire de Covid nous sommes en guerre contre la fermeture des entreprises et donc la perte des emplois.
Ces entreprises, dont la majorité ne disposaient pas d’un fond de roulement suffisant, avaient d’autres soucis à combattre pour se maintenir sur le marché marocain.
Attendons que tout cela passe pour que nous puissions voir plus clair avant de parler d’augmentation.