Améliorer la participation des femmes au marché du travail au Maroc : leçons régionales

Les défis auxquels les femmes sont confrontées dans la région MENA sont divers et variés. Ils incluent des croyances et pratiques culturelles restrictives, des lois et réglementations limitatives, et une multitude de normes sociales qui entravent leur accès à l’emploi, aux services numériques et aux formations professionnelles.

Le Maroc, comparé à d’autres pays de la région, montre des signes d’une situation relativement meilleure en termes de chômage des femmes, avec un écart de taux de chômage entre hommes et femmes moins important que dans d’autres pays de la région MENA.

Toutefois, comme dans le reste de la région, les femmes marocaines restent moins présentes sur le marché du travail (un taux d’activité de 19.8%) et sont souvent confrontées à des emplois moins rémunérés et à une couverture sociale insuffisante lorsqu’elles travaillent.

Des leçons peuvent tout de même être tirées des différentes expériences des pays de la région, et des initiatives et programmes qui y sont implémentés. Deux exemples phares ont drastiquement amélioré l’accès des femmes au marché de travail dans leurs pays respectifs, à savoir la Jordanie et l’Egypte.

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Aménagement du temps de travail et services de garde d’enfants en Jordanie

La Jordanie a pris des mesures concrètes pour faciliter la participation des femmes au marché du travail en mettant en place des politiques d’aménagement du temps de travail et en fournissant des services de garde d’enfants. Ces initiatives visent à aider les femmes à mieux concilier leurs responsabilités professionnelles et familiales, en réduisant les obstacles à leur pleine participation au marché du travail. L’existence de services de garde d’enfants fiables et abordables permet aux mères de travailler avec la tranquillité d’esprit, sachant que leurs enfants sont pris en charge.

Cette réforme par le gouvernement jordanien a été largement motivée par l’étude « Childcare Services in Jordan: Assessment of Supply and Demand ». L’étude en question révèle une corrélation entre les services de garde d’enfants et la participation des femmes au marché du travail. Elle souligne par ailleurs les défis rencontrés par les familles à faible revenu pour accéder à la garde d’enfants, ce qui affecte la capacité des femmes à travailler et à contribuer au revenu familial.

Initiatives pour l’inclusion financière et la microfinance en Égypte

L’Égypte a lancé des initiatives visant à renforcer l’inclusion financière des femmes et à leur fournir un meilleur accès à la microfinance. En soutenant l’entrepreneuriat féminin, ces programmes permettent aux femmes de démarrer et de développer leurs propres entreprises, contribuant ainsi à leur autonomisation économique. L’accès à la microfinance est essentiel pour les femmes entrepreneurs qui peuvent souvent, même au Maroc, ne pas avoir accès aux systèmes de financement traditionnels.

Quelles leçons pour le Maroc ?

Les interventions pour améliorer la situation comprennent le changement des mentalités concernant le rôle des femmes dans la vie active, le soutien à l’implémentation de politiques économiques et d’emploi sensibles au genre, l’autonomisation économique des femmes à travers l’analyse des chaînes de valeur sensibles au genre, et l’orientation professionnelle adaptée aux réalités socioculturelles.

Les expériences régionales peuvent être un apport riche pour le Maroc. Des efforts peuvent être fournis pour éliminer les discriminations légales et pratiques envers les femmes, développer des environnements professionnels et publics plus compatibles avec la vie de famille, et renforcer les droits des femmes, notamment en termes d’accès aux financements.

En outre, la transition vers des énergies propres et le développement durable offrent une opportunité d’intégrer davantage de femmes dans des secteurs émergents, comme l’énergie renouvelable, où la demande d’emploi est en augmentation.

Il est essentiel de reconnaître que la pandémie de COVID-19 a exacerbé certaines des difficultés existantes pour les femmes dans la région, tout en offrant une opportunité de réévaluer et de repenser le rôle des femmes dans l’économie et la société. Le Maroc, en tirant des leçons des initiatives et des politiques mises en place à travers la région MENA, peut renforcer l’autonomisation économique des femmes, un élément clé pour construire une économie plus compétitive.