Les discours sur l’engagement au travail ont beaucoup évolué. Ces dernières années, deux grandes tendances ont dominé : d’un côté, la recherche du bonheur au travail, matérialisée par des espaces ludiques et des ambiances décontractées ; de l’autre, une approche plus philosophique mettant en avant la quête de sens, la raison d’être ou encore l’impact sociétal de l’entreprise.
Or, ces approches, bien qu’inspirantes, sont souvent contre-productives. Le bonheur est une notion personnelle, fluctuante, difficilement standardisable. Aucune organisation ne peut garantir un bonheur universel à ses salariés, même avec les meilleures intentions. À l’inverse, elle peut, et doit, veiller à éliminer les sources de souffrance au travail : maltraitance managériale, environnement toxique, désorganisation chronique.
Ce qui motive réellement les salariés
Les causes du désengagement sont souvent bien plus terre-à-terre que ce que l’on imagine. Manque de reconnaissance, flou sur les responsabilités, absence de perspectives d’évolution, surcharge ou déséquilibre de la charge de travail… Autant de facteurs bien connus qui, pourtant, ne sont pas toujours traités à la racine.
Le phénomène du « quiet quitting » ce retrait silencieux des collaborateurs ne résulte pas d’un désamour soudain du travail, mais souvent d’une perte de repères simples : à quoi sert ce que je fais ? Quel impact ai-je ? Est-ce que mon travail est reconnu ?
Comment renforcer concrètement le sentiment d’utilité ?
Le sentiment d’utilité est au cœur de l’engagement. Un bon manager doit donc s’assurer que chaque membre de son équipe comprend la valeur de sa contribution. Voici quelques leviers concrets :
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Relier les actions aux objectifs : chaque salarié doit pouvoir établir un lien clair entre ses tâches quotidiennes et les enjeux stratégiques de l’entreprise. Cela donne du sens et de la direction à l’effort fourni.
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Reconnaître le “truc” de chacun : chacun a un talent ou une compétence particulière. Le rôle du manager est de l’identifier, de le valoriser et d’en faire un levier de contribution unique. En clair : faire de la singularité une force collective.
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Favoriser la progression : se sentir utile, c’est aussi avoir le sentiment de grandir, d’apprendre, d’évoluer. Même de petites avancées peuvent renforcer l’engagement, à condition d’être visibles et reconnues.
Et si on revenait aux fondamentaux ?
Loin des grandes théories managériales, l’engagement naît d’un contrat implicite entre l’individu et son environnement de travail. Ce contrat repose sur des éléments simples : la reconnaissance, la confiance, la clarté des missions, l’équilibre entre exigence et soutien.
Plutôt que de chercher la recette miracle du bonheur au travail, les entreprises gagneraient à se concentrer sur ces piliers concrets. Car finalement, ce qui engage durablement, ce ne sont pas les grandes promesses, mais les petites preuves quotidiennes.