Le 8 avril, une cyberattaque revendiquée par des hackers algériens a ciblé la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), entraînant une potentielle fuite massive de données sensibles. Cette opération, l’une des plus sérieuses enregistrées au Maroc selon plusieurs spécialistes, met en lumière la vulnérabilité persistante des systèmes d’information des institutions publiques, malgré leur rôle stratégique croissant.
Selon les premiers éléments rendus publics, les auteurs de l’attaque affirment avoir exfiltré plus de 54 000 fichiers, exposant les données personnelles de quelque deux millions d’assurés et 500 000 entreprises affiliées. Parmi les informations compromises figureraient notamment les noms des assurés, leurs numéros de CINE, les coordonnées bancaires, ainsi que les données professionnelles des employeurs.
La CNSS n’est pas un établissement comme les autres. Placée au cœur du projet national de généralisation de la protection sociale, elle voit son périmètre d’intervention s’élargir considérablement avec l’intégration progressive des ex-bénéficiaires du RAMED et, à terme, la fusion programmée avec la Cnops pour couvrir l’ensemble des fonctionnaires. Cette montée en charge impose une robustesse absolue de son infrastructure technologique.
Pour les professionnels des ressources humaines, cette attaque est un rappel brutal : la cybersécurité n’est plus une affaire purement technique ou confinée au département IT. Elle constitue un enjeu de gouvernance et de responsabilité sociale. Comme le souligne le Rapport sur la cybersécurité dans le secteur public publié récemment, l’intégration de dispositifs de sécurité dès la conception des systèmes (« security by design »), la formation des collaborateurs, ainsi qu’un pilotage par la donnée sont des leviers désormais incontournables.
À l’heure où les établissements publics deviennent des cibles privilégiées, la CNSS devra démontrer une capacité de résilience rapide, tout en renforçant sa politique de cybersécurité de manière structurelle. Faute de quoi, c’est la confiance des usagers, et au-delà, la réussite même de la réforme de la protection sociale, qui pourraient être compromises.