Un recrutement sur deux échoue non pas à cause d’un défaut de compétences, mais d’un mauvais alignement culturel. Ce constat, validé par de nombreuses études internationales, prend un relief particulier à l’heure où les talents choisissent les entreprises pour leurs valeurs autant que pour leurs missions. ReKrute s’est emparé du sujet avec un outil inédit sur le continent : « Feel Good », un indice qui mesure, modélise et labellise la culture d’entreprise pour garantir un meilleur “fit” humain entre recruteurs et candidats.
Repenser le matching au-delà du CV : une exigence stratégique
Trop souvent, le processus de recrutement repose uniquement sur l’évaluation des compétences techniques et des soft skills du candidat, sans que l’entreprise elle-même ne prenne la peine de se présenter, ni de formaliser sa propre culture. Ce déséquilibre initial produit des erreurs de casting coûteuses : turn-over rapide, désengagement, démotivation. Le label Feel Good vient corriger cette asymétrie en invitant les entreprises à se regarder dans le miroir de leur propre ADN culturel.
Pour y parvenir, ReKrute s’appuie sur un modèle académique éprouvé, développé par les professeurs américains Kim Cameron et Robert Quinn. Leur approche structure l’analyse culturelle autour de deux axes : la priorité de l’organisation (bien-être des personnes versus performance) et la structure de fonctionnement (stabilité versus innovation). Ces croisements font émerger quatre archétypes culturels clairs, qui permettent aux recruteurs de mieux identifier leurs valeurs dominantes.
Quatre types de cultures, quatre visions du travail
Le premier profil, axé sur la performance, valorise la compétitivité, l’ambition et l’atteinte des résultats. Il attire des collaborateurs animés par le goût du challenge et la reconnaissance des objectifs.
À l’opposé, les entreprises à culture humaniste placent le bien-être, la confiance et la coopération au cœur de leur fonctionnement. Ce sont souvent des structures où le management participatif, la qualité de vie et l’écoute des collaborateurs forment les piliers de l’organisation.
Entre les deux, deux autres profils se démarquent : les organisations orientées vers la stabilité et la qualité — qui valorisent les process, les règles et la fiabilité — et les structures portées par l’innovation, l’audace, l’expérimentation, attirant des esprits agiles et curieux.
Cette modélisation permet non seulement aux entreprises de mieux se connaître, mais aussi de mieux se faire connaître auprès des candidats, qui peuvent ainsi anticiper s’ils se reconnaîtront ou non dans les modes de fonctionnement proposés.
Le label Feel Good, révélateur de l’alignement culturel
Le dispositif mis en place par ReKrute repose sur une solution d’intelligence artificielle alimentée par des questionnaires internes, une analyse sémantique des pratiques RH, ainsi qu’une modélisation des dynamiques organisationnelles. Le label Feel Good ne se contente pas d’un diagnostic : il distingue les entreprises qui, au-delà de l’analyse, mettent en œuvre des politiques concrètes pour renforcer la cohérence entre leurs valeurs affichées et les réalités vécues par les collaborateurs.
Le processus d’éligibilité au label repose sur une enquête menée auprès des équipes en poste, combinée à une grille d’analyse RH. La reconnaissance est accessible à toute entreprise, quels que soient son secteur et sa taille. Le label est décerné à l’issue d’une évaluation indépendante qui mesure notamment le climat interne, la transparence managériale, la capacité d’écoute et les dispositifs de reconnaissance.
Des impacts tangibles sur la marque employeur
Pour les entreprises labellisées, les bénéfices dépassent le simple affichage. Le label Feel Good agit comme un accélérateur d’attractivité auprès des jeunes talents, qui recherchent aujourd’hui des environnements porteurs de sens et d’authenticité. Il devient un marqueur de crédibilité dans un marché de l’emploi où les candidats n’hésitent plus à refuser une offre en l’absence de compatibilité humaine perçue.
Du côté des candidats, cette démarche facilite également une meilleure orientation vers des environnements où ils pourront s’épanouir. En rendant visible la culture interne de chaque entreprise, Feel Good évite les frustrations post-intégration liées à un décalage entre les promesses de recrutement et la réalité terrain.
Les DRH y trouvent également un levier stratégique pour piloter leur politique de rétention. En capitalisant sur la transparence culturelle, ils renforcent l’engagement et fidélisent sur des bases solides : celles du respect des personnalités, de la cohérence managériale et du bien-être au quotidien.
Un outil né de la crise, tourné vers l’avenir
La genèse de l’indice Feel Good remonte à la période post-Covid, un moment charnière durant lequel les attentes des collaborateurs se sont profondément reconfigurées. Télétravail, quête de sens, équilibre de vie, besoins de reconnaissance : autant de dimensions que les modèles classiques de recrutement n’intégraient pas pleinement.
En réponse à cette mutation, ReKrute a investi dans la recherche appliquée pour bâtir un outil capable de capter ces nouvelles variables. L’indice Feel Good n’est donc pas un simple slogan marketing, mais le fruit d’une volonté assumée de redéfinir les bases du dialogue entre entreprises et talents. Son déploiement au Maroc et dans plusieurs pays d’Afrique francophone ouvre la voie à une lecture plus fine et plus stratégique de la notion de « bon recrutement ».
Vers une généralisation du label ?
À terme, la généralisation d’outils comme Feel Good pourrait contribuer à rebattre les cartes du marché de l’emploi. En introduisant une culture de la transparence sur les environnements de travail, elle pousse les entreprises à assumer leurs spécificités plutôt que de prétendre à un idéal uniforme.
Ce mouvement, encore minoritaire, préfigure cependant une évolution de fond : celle d’un recrutement fondé sur la compatibilité humaine, la sincérité culturelle et l’alignement des aspirations. Pour les DRH, c’est une opportunité de repositionner leur rôle comme architectes du lien durable entre individus et organisations.
Alors que les tensions sur le marché des talents persistent, l’indice Feel Good rappelle une évidence souvent oubliée : ce n’est pas seulement l’excellence qui fait rester les collaborateurs, mais le sentiment d’appartenance. Pour les DRH marocains et africains, l’enjeu n’est plus seulement de recruter, mais de construire une affinité durable.