Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a publié, ce vendredi 2 août, sa note d’information relative à la situation du marché du travail au deuxième trimestre 2024, révélant une dégradation continue des indicateurs du marché de l’emploi au Maroc. Le taux de chômage a atteint 13,1%, en augmentation de 0,7 point par rapport à la même période en 2023, où il s’établissait à 12,4%.
Cette hausse du chômage est observée aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. En milieu urbain, le taux de chômage a progressé de 16,3% à 16,7% (+0,4 point), tandis qu’en milieu rural, il est passé de 5,7% à 6,7% (+1 point). La situation est similaire pour les hommes et les femmes, avec une augmentation respective de 11% à 11,7% et de 17% à 17,7%.
Le nombre de chômeurs a ainsi augmenté de 90 000 personnes, atteignant 1 633 000 au deuxième trimestre 2024, contre 1 543 000 à la même période l’année précédente. Cette progression est répartie entre les milieux urbain (+48 000 chômeurs) et rural (+42 000 chômeurs).
Le chômage touche particulièrement les jeunes. Le taux de chômage des 15-24 ans a augmenté de 2,5 points, passant de 33,6% à 36,1%. Les 25-34 ans connaissent également une hausse de 1,6 point, de 19,8% à 21,4%. Les personnes âgées de 35 à 44 ans et celles de 45 ans et plus ont vu leur taux de chômage augmenter légèrement de 0,1 point chacune, s’établissant respectivement à 7,3% et 3,7%.
Les diplômés ne sont pas en reste, avec une hausse de 0,2 point du taux de chômage, qui passe de 19,2% à 19,4%. Cette augmentation est particulièrement marquée chez les titulaires de diplômes de l’enseignement secondaire qualifiant, avec une hausse de 3,2 points, portant leur taux de chômage à 26,1%.
Le sous-emploi, autre indicateur crucial du marché du travail, s’est également détérioré. Le volume des actifs en situation de sous-emploi a augmenté, passant de 983 000 à 1 042 000 personnes entre le deuxième trimestre 2023 et celui de 2024. Le taux de sous-emploi national a ainsi progressé de 9% à 9,6%. En milieu urbain, il a légèrement baissé de 8,4% à 8,3%, tandis qu’en milieu rural, il a considérablement augmenté de 9,9% à 11,6%.
En termes de nombre d’heures travaillées, le sous-emploi a concerné 583 000 personnes au deuxième trimestre 2024, contre 465 000 l’année précédente, avec un taux passant de 4,2% à 5,4%. Par ailleurs, le sous-emploi en termes d’insuffisance de revenu ou d’inadéquation entre formation et emploi exercé a vu une baisse, passant de 518 000 à 459 000 personnes, avec un taux correspondant passant de 4,7% à 4,2%.
La situation du marché du travail varie également selon les secteurs d’activité. Le taux de sous-emploi a augmenté de 1,7 point dans le secteur des BTP, atteignant 18,9%, et de 1,9 point dans le secteur de l’agriculture, forêt et pêche, atteignant 11,5%. En revanche, il a baissé de 0,3 point dans le secteur de l’industrie, y compris l’artisanat, pour atteindre 5%, et est resté stable à 7,7% dans le secteur des services.
Le volume global de l’emploi au Maroc a baissé de 82 000 postes entre le deuxième trimestre de 2023 et celui de 2024. Cette baisse est principalement due à la perte de 141 000 postes en milieu rural, principalement non rémunérés, compensée en partie par la création de 60 000 postes en milieu urbain. Les emplois rémunérés ont augmenté de 45 000 postes, tandis que les emplois non rémunérés ont chuté de 126 000 postes.
Le taux d’activité a également reculé de 0,6 point, passant de 44,8% à 44,2%, tandis que le taux d’emploi a diminué de 0,9 point, de 39,3% à 38,4%. Cette diminution est observée aussi bien chez les hommes, dont le taux d’emploi est passé de 62,2% à 61%, que chez les femmes, dont le taux est passé de 17% à 16,5%.
Enfin, la répartition géographique des actifs et des chômeurs met en évidence des disparités régionales. Cinq régions concentrent 72,3% des actifs âgés de 15 ans et plus, avec Casablanca-Settat en tête (22,6%), suivie de Rabat-Salé-Kénitra (13,5%), Marrakech-Safi (12,8%), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (12%) et Fès-Meknès (11,4%). En matière de chômage, cinq régions concentrent 69,5% des chômeurs, avec des taux particulièrement élevés dans les régions du Sud (22,9%) et de l’Oriental (21,1%).
Ces chiffres alarmants du HCP illustrent une situation préoccupante du marché de l’emploi au Maroc, nécessitant des mesures urgentes pour inverser cette tendance et améliorer les conditions de travail des actifs marocains.