Le constat est sans appel : selon les derniers chiffres du Haut-Commissariat au Plan (HCP), le taux de chômage au Maroc a grimpé à 21,4 % en 2024, contre 16,2 % en 2014. Cette progression inquiétante touche particulièrement les jeunes, révélant l’ampleur des défis structurels auxquels le marché de l’emploi est confronté.
Face à cette réalité, le Maroc se mobilise avec une vision optimiste et résolument tournée vers l’avenir. Plutôt que de se limiter aux réponses traditionnelles, le pays mise sur une stratégie double : des politiques publiques ambitieuses et des solutions numériques innovantes. L’objectif est clair : créer un million d’emplois à l’horizon 2026 et offrir de nouvelles opportunités à la jeunesse marocaine.
Parmi les initiatives phares, la plateforme Stagiaires.ma incarne cette dynamique positive. En facilitant la mise en relation entre candidats et employeurs, elle participe à réduire l’écart entre les compétences disponibles et les besoins du marché. Ce modèle illustre l’émergence d’un écosystème d’emploi hybride, où les solutions privées complètent l’action publique.
Avec un élan d’espoir et d’innovation, le Maroc pose les bases d’un marché de l’emploi plus inclusif et adapté aux réalités du 21ème siècle. Chaque initiative, qu’elle soit numérique ou institutionnelle, devient un levier d’impact positif pour accompagner la jeunesse vers un avenir plus prometteur.
Un marché du travail sous pression
Les données du HCP confirment un durcissement du marché de l’emploi. En 2024, le taux de chômage national atteint 21,4 %, marquant une hausse notable par rapport à 2014. Cette progression ne se limite pas aux zones urbaines, historiquement plus touchées, mais s’étend désormais aux territoires ruraux, où le chômage s’est envolé de 10,5 % à 21,4 % sur la même période. L’aggravation de la situation témoigne d’un problème transversal, affectant l’ensemble des régions du Maroc, qu’il s’agisse des zones historiquement plus dynamiques, comme Casablanca-Settat (18,8 %) et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma (19,6 %), ou des régions plus vulnérables, telles que Guelmim-Oued Noun (31,5 %) et l’Oriental (30,4 %).
La dimension genrée de ce phénomène est tout aussi préoccupante. Si le taux de chômage féminin a enregistré une légère baisse entre 2014 et 2024 (de 29,6 % à 25,9 %), celui des hommes a, quant à lui, grimpé de 12,4 % à 20,1 %. Par ailleurs, la participation des femmes au marché du travail reste faible et tend à diminuer (16,8 % en 2024, contre 20,4 % dix ans plus tôt), reflétant un décrochage persistant.
Face à ce constat, il est clair que le marché du travail marocain souffre d’inadéquations structurelles entre l’offre de formation et la demande réelle des entreprises, d’un manque de dynamisme entrepreneurial dans certaines régions, et d’une insuffisance de dispositifs efficaces d’accompagnement. Ces facteurs, cumulés, contribuent à alimenter la spirale du chômage, particulièrement pour les jeunes qui, découragés, renoncent parfois à chercher un emploi.
Une feuille de route gouvernementale ambitieuse
Conscient de l’urgence, l’exécutif a pris l’initiative de réagir. Le chef du gouvernement a récemment annoncé un programme visant la création d’un million d’emplois à l’horizon 2026. Cet objectif s’inscrit dans une volonté plus large de revitalisation économique, avec une attention accrue aux zones rurales, aux secteurs en pleine mutation comme le numérique, les énergies renouvelables ou l’agroalimentaire, et à l’accompagnement des PME. Il s’agit, pour les pouvoirs publics, de répondre à la demande sociale pressante en matière d’emploi, mais également de jeter les bases d’une transformation structurelle du marché du travail.
La stratégie gouvernementale repose sur plusieurs piliers : le renforcement de la formation professionnelle, l’accompagnement ciblé des jeunes, l’encouragement de l’entrepreneuriat rural, la simplification administrative à destination des entreprises, et le développement de secteurs porteurs. Pour soutenir cet effort, une enveloppe budgétaire de 14 milliards de dirhams est prévue en 2025, visant à financer des programmes d’appui à l’emploi, l’insertion et la reconversion professionnelle. L’ambition est de gagner en efficacité, en s’appuyant sur des partenariats public-privé et sur une gouvernance plus agile du marché du travail.
Cependant, l’ampleur du défi interroge. Créer un million d’emplois en trois ans, alors même que le tissu économique subit des chocs internes et externes, demande une mise en œuvre rigoureuse, des actions coordonnées et un suivi permanent des résultats. Au-delà des effets d’annonce, la réussite de ce plan dépendra de la capacité à rendre l’offre de formation plus pertinente, à renforcer l’attrait de secteurs en plein essor, et à soutenir les entreprises dans leurs démarches de recrutement.
Stagiaires.ma : une passerelle innovante entre compétences et emplois
Dans ce contexte, l’émergence d’outils digitaux spécialisés offre une perspective nouvelle. Stagiaires.ma, plateforme marocaine dédiée à l’emploi des jeunes, se présente comme un exemple concret de solution complémentaire visant à améliorer la mise en relation entre candidats et recruteurs. Les chiffres du mois de novembre 2024, communiqués par la plateforme, sont éclairants.
Plus de 81.948 nouveaux candidats se sont inscrits en un mois, avec une moyenne de 2.700 CV déposés par jour. L’offre de services va bien au-delà du simple stage, couvrant les premiers emplois, les jobs étudiants, le bénévolat, et même des opportunités en freelance ou en alternance. Cette diversité de formes contractuelles répond à une réalité : les jeunes ne recherchent pas tous la même forme d’insertion professionnelle. Certains optent pour un stage pour acquérir de l’expérience, d’autres cherchent un CDI, tandis que d’autres encore privilégient des formules plus flexibles.
Les opportunités mises à disposition sur la plateforme, au nombre de 1.872 en novembre, proviennent pour 53 % de la CVthèque, 36 % d’offres publiées et 11 % de candidatures spontanées. La majorité des contrats proposés (59 %) concerne des stages, 36 % des CDI, 2 % du freelance, 2 % du bénévolat et 1 % de l’alternance. Par ailleurs, le mode de travail tend à se diversifier, entre présentiel (73 %), télétravail (19 %) et modalités hybrides (8 %), reflétant les nouvelles tendances organisationnelles post-pandémie.
Cet écosystème ne se limite pas à la mise en relation technique. Grâce à la Youth Africa Foundation, associée à Stagiaires.ma, l’accompagnement prend une dimension plus humaine, orientée vers le renforcement des compétences et l’employabilité. En novembre, 2.000 candidats ont bénéficié d’ateliers, de webinaires et de formations spécifiques, qu’il s’agisse de la préparation du CV, de la recherche de stage ou encore de la valorisation de leur image professionnelle via des ateliers photo. Cette approche holistique démontre qu’au-delà du simple matching, la clé de l’insertion réside dans la montée en compétences et le soutien personnalisé.
Un tremplin vers une insertion plus fluide
Si les chiffres de Stagiaires.ma témoignent de son succès grandissant, ils ne sauraient à eux seuls résorber le chômage national. Toutefois, l’émergence de telles plateformes a le mérite de proposer des solutions adaptées aux besoins concrets des jeunes, tout en offrant aux entreprises un accès simplifié à une large base de talents. La capacité de ce type de services à fluidifier le marché de l’emploi est un atout précieux, surtout dans un contexte où l’information circule mal et où les candidats peinent souvent à identifier les opportunités existantes.
L’intérêt d’outils numériques comme Stagiaires.ma réside aussi dans leur flexibilité. Alors que le gouvernement s’attelle à créer des emplois pérennes, la plateforme permet de combler des besoins immédiats, de favoriser l’insertion par étapes et de mettre en relation des acteurs économiques variés. Les chiffres montrent, par exemple, qu’une proportion importante de candidats provient de l’enseignement public (71 %), illustrant une démocratisation de l’accès à l’information et aux offres. Un tel accès réduit le risque de reproduction des inégalités, en offrant aux jeunes issus de tous horizons une chance d’obtenir un premier contact professionnel.
Vers une complémentarité entre initiatives publiques et privées
Le climat actuel suggère que les efforts publics et privés doivent s’articuler de manière complémentaire. D’un côté, le gouvernement met en place des réformes structurelles, injecte des ressources financières et tente de stimuler les secteurs porteurs. De l’autre, des plateformes comme Stagiaires.ma viennent combler les manques opérationnels, en proposant un espace de rencontre numérique, accessible et réactif. Dans une période marquée par une compétition mondiale accrue, le Maroc doit repenser ses mécanismes d’insertion professionnelle, de formation et de recrutement.
L’augmentation constante du chômage, la baisse du taux d’activité et les disparités régionales appellent à une action sur plusieurs fronts. Améliorer l’employabilité des jeunes passe par une meilleure adéquation entre la formation et les besoins du marché. C’est là que des partenariats entre plateformes d’emploi, établissements d’enseignement, entreprises et pouvoirs publics peuvent apporter des solutions concrètes. Les initiatives de formation, les webinaires, les ateliers de développement personnel proposés par Stagiaires.ma, par exemple, contribuent à combler le fossé entre l’univers académique et la réalité du marché du travail.
À l’heure où la concurrence internationale pour les talents s’intensifie, le Maroc a tout intérêt à valoriser ces solutions numériques, tout en poursuivant le chantier, plus vaste, de la réforme du marché du travail.