Les cyberattaques gagnent en fréquence et en complexité, plaçant la cybersécurité au cœur des préoccupations des entreprises. Loin d’être l’apanage exclusif des services informatiques, sa maîtrise requiert désormais l’implication de chaque collaborateur, dès son intégration. Pour les DRH, inscrire une formation en cybersécurité dans le parcours d’onboarding n’est plus une option, mais une nécessité stratégique.
Les salariés, une première ligne de défense
Selon le Baromètre annuel du CESIN (Club des Experts de la Sécurité de l’Information et du Numérique) publié en 2024, 56% des entreprises françaises ont subi au moins une cyberattaque réussie en 2023. Le facteur humain reste la principale vulnérabilité exploitée : un clic imprudent sur un lien malveillant ou l’ouverture d’une pièce jointe infectée peut suffire à compromettre tout un système informatique.
Malgré ce constat alarmant, une étude menée par Cybermalveillance.gouv.fr indique qu’en France, seules 30% des PME proposent régulièrement des formations en cybersécurité à leurs collaborateurs. Un chiffre préoccupant lorsque l’on sait que le coût moyen d’une attaque informatique réussie pour une PME française avoisine les 50 000 euros, selon France Num.
Structurer une formation en cybersécurité efficace
Une formation en cybersécurité efficace pendant l’onboarding doit aborder des thématiques précises et concrètes :
- Identification des menaces : Apprendre à détecter les tentatives de phishing, les mails suspects ou les comportements inhabituels sur les systèmes informatiques.
- Gestion sécurisée des données sensibles : Formation sur le stockage sécurisé, le partage et la destruction appropriée des données confidentielles, conformément au RGPD en vigueur depuis 2018.
- Bonnes pratiques des mots de passe : Enseigner l’importance de mots de passe robustes, l’utilisation d’un gestionnaire sécurisé et l’activation systématique de l’authentification à plusieurs facteurs (MFA).
- Usage responsable des outils informatiques : Rappel des politiques internes relatives à l’installation de logiciels tiers et à l’utilisation des équipements informatiques.
- Réaction face à un incident de sécurité : Présentation claire et pédagogique des étapes à suivre en cas d’incident, incluant la notification immédiate des équipes techniques et les procédures de préservation des preuves numériques.
- Respect des obligations légales : Sensibiliser les employés sur les obligations réglementaires et les risques juridiques liés à la sécurité des données.
Exploiter le potentiel des plateformes LMS
Pour optimiser l’efficacité et le suivi des formations, les entreprises françaises se tournent de plus en plus vers les Learning Management Systems (LMS). Ces plateformes permettent d’individualiser les parcours d’apprentissage, de suivre la progression des collaborateurs et de garantir une mise à jour régulière des connaissances face à l’évolution constante des menaces informatiques.
La gamification constitue un levier supplémentaire : systèmes de points, badges ou challenges interactifs renforcent l’engagement des collaborateurs et transforment l’apprentissage en expérience motivante.
Une culture d’entreprise orientée cybersécurité
La formation n’aura d’impact durable que si elle s’insère dans une stratégie globale portée par l’ensemble des équipes, à commencer par la direction générale. Selon le rapport d’Accenture sur la cybersécurité en France publié en 2023, les entreprises où les dirigeants s’impliquent activement dans la cybersécurité voient leur risque d’incident significativement diminuer.
Créer une culture où la cybersécurité est perçue comme un objectif commun et valorisé, plutôt qu’une contrainte punitive, est essentiel. Cela passe par l’encouragement à signaler ouvertement tout incident ou anomalie, sans crainte de sanction. Les entreprises françaises exemplaires dans ce domaine mettent en place des programmes de reconnaissance pour récompenser les bonnes pratiques en matière de cybersécurité.
La nécessité d’une politique de sécurité formalisée
Par ailleurs, formaliser clairement les politiques de sécurité est crucial. Selon une étude réalisée par PwC France en 2023, plus de 40% des entreprises françaises ne disposent toujours pas de politiques écrites et communiquées à l’ensemble du personnel concernant la cybersécurité. Un tel vide documentaire laisse les collaborateurs sans cadre précis, amplifiant le risque de comportements à risque par ignorance ou confusion.
Ces politiques doivent être régulièrement mises à jour et facilement accessibles à tous les collaborateurs afin d’assurer une connaissance continue des bonnes pratiques et des procédures internes.
Impliquer tous les niveaux hiérarchiques
Une erreur courante est de limiter la sensibilisation aux équipes techniques. Pourtant, tous les départements sont concernés, qu’il s’agisse des ressources humaines manipulant des données personnelles, de la finance exposée aux tentatives de fraude ou du marketing traitant des données clients sensibles.
Le CESIN insiste sur la nécessité d’une formation différenciée selon les métiers et d’une sensibilisation spécifique des cadres dirigeants, souvent ciblés par des cyberattaques sophistiquées et personnalisées. L’implication active et visible du management supérieur est un gage fort de réussite pour ces formations.
Une urgence stratégique clairement identifiée
Au final, le coût moyen d’une violation majeure de données en France atteignait près de 4 millions d’euros en 2023, selon IBM Security. Au-delà des coûts financiers directs, les dégâts réputationnels peuvent impacter durablement l’image et la confiance envers l’entreprise.
Ainsi, pour les DRH, l’intégration systématique et approfondie d’une formation en cybersécurité dès l’onboarding ne relève pas seulement d’une bonne pratique opérationnelle mais bien d’une urgence stratégique. En anticipant les risques et en sensibilisant chaque salarié dès ses premiers pas dans l’entreprise, les DRH participent activement à la résilience organisationnelle face aux menaces numériques croissantes.
En définitive, il ne s’agit plus simplement de former mais de bâtir une véritable culture de la vigilance numérique au sein de l’entreprise, une démarche qui s’inscrit désormais pleinement dans la mission stratégique des ressources humaines.