Par définition, les tiers lieux, dont font partie les espaces de coworking, désignent un lieu intermédiaire, à mi-chemin entre le personnel et le professionnel, le privé et le public, ou encore tout simplement, entre le domicile et l’entreprise. Favorisant les rencontres, le partage et l’entraide, ces espaces font naître des communautés de collaborateurs de différents horizons et exerçant dans divers secteurs d’activité qui ont en commun le souci de travailler dans un environnement propice à la productivité et la créativité mais aussi qui leur épargne les éternités passées dans les moyens de transport. Effectivement, l’une des attentes les plus fréquentes et insistantes concerne les gains de temps de transport des usagers des espaces de coworking, ce qui fait que la multiplicité de ces espaces de coworking dans un quelconque territoire constitue une solution majeure pour diminuer les temps de trajets quotidiens vers l’emploi.
Face à un choix qu’un collaborateur serait amené à faire quant à son lieu de travail, nul n’opterait pour un espace de coworking qui lui ferait supporter les lourds fardeaux du transport et du temps. La facilité à se rendre à son travail et le gain de temps de transport semblent être des éléments centraux et des impacts majeurs attendus naturellement d’une quelconque politique visant la mise en place de ce genre d’espaces, compte tenu bien évidemment des disparités entre les villes -le minimum de temps requis pour le déplacement domicile-travail dans des métropoles comme Casablanca ou Marrakech ne peut jamais équivaloir à celui dans des villes beaucoup moins populeuses-.
En outre, l’effet positif de ces tiers lieux touche également le trafic routier. Si l’on tient compte du fait que bon nombre des collaborateurs, surtout dans les métropoles, se rendent aux lieux de travail en voiture individuelle, on se rendra compte que la mise en place d’espaces de coworking de proximité sera efficace pour relever l’un des défis les plus persistants, celui du trafic routier, et ce en matière de limitation, de réduction et de fluidification du trafic.
Coworking et mobilité durable, des attentes mesurées ?
Bien que les attentes soient énormes à l’égard des espaces de coworking pour qu’ils apportent grand-chose à une mobilité plus durable, les études et enquêtes permettant d’évaluer le véritable impact de ces tiers lieux sur les pratiques de mobilité restent parcimonieuses et s’appuient souvent sur les résultats d’études portant sur les télétravailleurs pour justifier l’intérêt des espaces de coworking en matière d’organisation des mobilités. Là, il convient de bien distinguer ces deux notions, qui ne renvoient pas aux mêmes pratiques car, si certains télétravailleurs choisissent d’utiliser des espaces de coworking lors de leurs journées de télétravail, leur présence dans ces espaces demeure généralement très minoritaire. En parallèle, il est important d’accorder une attention particulière à la localisation des espaces de coworking et de ceux à qui ils s’adressent. Concrètement, les impacts sur les pratiques de mobilité seront de nature différente si l’espace de coworking est situé en zone urbaine dense ou en zone peu dense, et cela reste loin du fait qu’ils n’offrent pas les mêmes potentialités en matière d’accessibilité. Mais il faut également considérer que l’espace de coworking le plus performant en matière de mobilité est aussi celui qui permettra de réduire les distances de déplacement avec le domicile des travailleurs qui le fréquenteront. En fonction de leurs zones d’implantation, les bénéfices à attendre de ces tiers lieux en matière de mobilité ne sont pas du tout les mêmes : changement vers des modes de déplacements plus vertueux dans certains cas, réduction des distances de déplacements dans d’autres cas.
Cela dit, et en dépit de toutes les grandes attentes liées aux impacts des tiers-lieux sur la maîtrise des mobilités individuelles, elles n’adoptent pas un point de vue global sur les mobilités. Les enjeux précités concernent ainsi essentiellement la réduction du nombre de kilomètres parcourus dans le cadre de déplacements domicile-travail en voiture, et ce pour répondre en particulier à des problématiques de saturation des réseaux et d’émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, les enjeux qui concernent les pratiques et comportements sont difficiles à cerner.
In fine, il convient de rappeler que les espaces de coworking rassemblent différents profils de travailleurs et que les télétravailleurs n’y représentent qu’une minorité. Donc, si l’objectif est de pousser les espaces de coworking à contribuer plus fortement à une politique de mobilité durable, il faut surtout aller chercher les travailleurs salariés les attirer vers ces tiers lieux. De plus, et si l’on table sur une réduction des distances parcourues, le télétravail à domicile ne serait-pas le mode le plus efficace ?