Le team building a-t-il connu une baisse de régime pendant la crise sanitaire ? Avez-vous pu l’organiser à distance ?
Durant le confinement, j’ai organisé deux team building, en présentiel et dans le strict respect des mesures barrières. C’était très difficile, mais nous l’avons réussi.
Par contre, j’ai organisé, en juin 2020, le premier team building online pour l’ensemble des membres d’ICF Maroc à l’occasion de Moroccan Coaching Meeting. Ce fut une première dans l’histoire de notre Chapter. Tous les membres de notre Chapter y ont participé, même les pairs travaillant dans d’autres pays ou qui étaient retenus encore dans d’autres pays. Ce n’est point la même chose : c’est une action de consolidation entre pairs. Nous sommes des professionnels aguerris. Nous l’avons réussi et en avons gardé un excellent souvenir.
Y a-t-il un regain d’intérêt pour l’activité après plusieurs mois d’éloignement, de travail à distance ?
Cela a été très difficile. Les mesures barrière ont rendu, parfois, les team building très lourds à gérer. Par exemple, j’utilise «la balle magique» pour organiser la parole au sein d’un groupe au moment des feedback. C’est un bel outil qui permet de responsabiliser les acteurs, de développer l’écoute et de fluidifier la parole au sein du groupe.
A cause des mesures barrières, il a fallu réinventer la balle. Nous l’avons imaginée. Quand un participant partage son feedback, il nomme un autre collègue et lui lance la balle fictive. L’autre l’attrape et donne son feedback et ainsi de suite.
Certaines mises en situation ont été, également, repensées tout en restant focalisés sur ce qu’elles doivent révéler.
En plus de ce travail de réflexion et de réinvention de nos outils de travail, nous, coachs, nous devrions rester vigilants par rapport aux mesures barrières. Parfois, portés par l’élan d’une activité, certains participants oublient ces mesures, nous étions, quoique ce ne soit pas notre responsabilité, vigilants et nous rappelions, sans cesse, les protection sans pour autant bloquer l’élan suscité par la mise en situation. Ce n’était pas une mince affaire !!!
Quels sont les besoins ou les problématiques des entreprises quand elles font appel à vous ?
J’ai, dès septembre 2020, commencé des missions de coaching d’équipe, où, bien entendu, le team building a été prévu. Elles visaient, principalement, à évacuer la souffrance que le confinement a provoqué chez l’ensemble du personnel, dont le manager, à reconnecter les équipes entre elles après des mois d’éloignement et, surtout, à donner sens à la nouvelle configuration (travail à distance, persistance du virus et pertes d’amis et de collègues).
Y a-t-il de nouvelles tendances en termes de thématiques ?
Oui, la crise a suscité des questions existentielles. «Pour quoi». Ce besoin est présent dans les coaching individuel et dans les coaching d’équipe. Aujourd’hui, les managers doivent travailler avec leurs équipes pour retrouver un autre sens à leur travail.
Entretenir une dynamique d’équipe n’est pas toujours gagné. Comment réussir un team building surtout si l’entreprise est toujours à cheval entre le télétravail et le travail au bureau ?
Il est vrai que certaines entreprises ont vu dans le digital une solution logistique très pratique et économique. Elles demandent de plus en plus des formations et des team building online. Cela fait, il est vrai, des charges et des démarches en moins. C’est légitime d’opter pour cette approche.
Mais, qu’en est-il de l’impact ?
Derrière les avantages du distantiel, il y a de nouvelles problématiques, dont la plus importante est la fatigue digitale. De plus en plus de DRH et de collaborateurs d’entreprises que j’accompagne réclament le présentiel. Nous sommes des êtres en constante quête de relation.
Le distantiel en tant qu’outil de travail pour certaines catégories, notamment les développeurs ou les commerciaux. Ce sont deux catégories qui ont besoin de manager eux-mêmes leur temps selon leurs propres contraintes. Pour les autres, catégories de collaborateurs, le présentiel est recommandé et aussi demandé par les intéressés.
Le mode de travail choisi et assumé contribue, en partie, au sens que nous voulons donner à notre existence.