L’initiation des start-ups et de l’entrepreneuriat des jeunes au Maroc a commencé plusieurs années. Cependant, c’est juste récemment que ce phénomène est devenu important pour l’économie nationale, digne de l’attention des décideurs politiques, et qu’une ressemblance d’un écosystème commence à prendre forme. Aujourd’hui, l’entrepreneuriat est l’une des opportunités de carrière les plus attractives pour les jeunes professionnels et diplômés au Maroc. L’importance croissante accordée à ce secteur est illustrée par les nombreuses initiatives et partenariats conclus pour autonomiser l’entrepreneuriat des jeunes dans le pays, comme la création du CNEIF (Centre national de l’Entreprenariat des jeunes et de l’Inclusion financière) dans les milieux ruraux, et le récent partenariat entre CIH Bank et la BERD pour le financement des TPME, entre autres. En substance, l’entrepreneuriat des jeunes s’est avéré être un pilier du développement et essentiel au plan de croissance économique du Maroc.
Pourtant, l’entrepreneuriat ainsi que l’employabilité des jeunes souffrent toujours des difficultés fondamentales ; une concentration de grands programmes universitaires, et opportunités d’emploi, dans les régions métropolitaines, ainsi qu’un taux de chômage plus élevé chez les jeunes (30,8 %) qu’à la moyenne nationale (12,8 %), selon les derniers chiffres du HCP. Parallèlement, les récents partenariats, programmes et séminaires sur les jeunes entrepreneurs et la pérennité des petites entreprises visent à contrer les difficultés auxquelles sont confrontés les jeunes entrepreneurs et les petites entreprises ; des conditions qui n’ont fait qu’empirer pendant la pandémie.
Cette intersection de plusieurs facteurs ; de l’exponentiel croissance et de l’industrie technologique et la facilitation de la plupart des tâches liées au travail, l’accumulation de plusieurs efforts et expériences en plein essor des start-ups depuis la genèse de ce model au Maroc, et les tendances économiques ; est ce qui a permis l’essor récent de l’entrepreneuriat des jeunes au Maroc, alors qu’ils sont devenus plus viables économiquement.
Cette évolution, bien que présentée par le gouvernement et plusieurs institutions comme nécessaire à la croissance future de l’économie nationale, contraste encore fortement avec le plan économique du pays. Un problème assez reconnaissable est le développement unilatéral de quelques industries par rapport à d’autres. Cela n’a pas changé. Récemment, il y a eu des investissements majeurs dans le secteur de la délocalisation (l’industrie la plus recruteuse même pendant la pandémie, par une majorité écrasante, selon l’enquête réalisée par le portail Rekrute). La succession des tendances (offshoring, textile, industrie … etc) ne laisse pas un effet significatif.
L’attractivité de l’entrepreneuriat, en particulier pour les jeunes professionnels et les diplômés, est susceptible de réaliser une transformation significative du marché du travail et du monde professionnel. D’une part, les jeunes représentent déjà une part importante de la main d’œuvre mondiale, et de plus en plus importante. Un penchant plus important vers l’entrepreneuriat rendra quelques domaines plus compétitifs, et donc plus importants. En outre, ces nouvelles organisations viendront souvent avec leur propre culture et attentes en matière de travail, de gestion, et de relations employeur-employé.
Tandis que le Maroc capitalise de plus en plus dans cette direction, cela pourrait contribuer à l’émergence de nouvelles cultures de travail, structures organisationnelles, et styles de gestion. À la lumière du développement unilatéral de quelques industries au Maroc, il s’agit d’un défi à ce que constituait la culture de travail dominante. La transformation des cultures ou des idées qui guident les pratiques RH au Maroc serait certainement un plus, mais pas une simple considération des préférences d’une nouvelle génération de travailleurs, plutôt une nécessité dans un environnement en mutation, qui nécessite de nouvelles perspectives.