Malgré les efforts déployés par le gouvernement marocain pour réduire le taux de chômage, celui-ci reste élevé, en particulier parmi les jeunes. L’Alliance des économistes istiqlaliens (AEI) a mené une étude approfondie sur les réalités de l’emploi au Maroc, se basant sur des statistiques récentes publiées par le Haut-commissariat au Plan (HCP). Le constat est clair : le taux d’activité est en baisse, notamment pour les femmes, tandis que le taux de chômage suit une courbe ascendante. De plus, une proportion importante de jeunes ne travaille pas, ne suit pas d’études et ne bénéficie d’aucune formation.
Propositions pour une formation et une insertion accélérées
L’une des principales recommandations de l’AEI est de lancer des programmes accélérés de formation-insertion. Ces programmes incluraient des compétences techniques et des soft skills, se concentrant sur des secteurs à forte demande tels que le tourisme, les services aux personnes, le codage, ainsi que les industries émergentes comme l’aéronautique, l’automobile et les énergies vertes. Pour attirer des formateurs qualifiés, un appel à candidature serait ouvert aux experts nationaux et internationaux, y compris les retraités et les Marocains du monde. Ces formations, d’une durée maximale de 10 mois, seraient dispensées à la fois en présentiel et à distance.
Création d’un Fonds de solidarité des générations
L’AEI propose également la création d’un « Fonds de solidarité des générations » (FSG) destiné aux jeunes de 20 à 35 ans. Ce fonds financerait des formations accélérées de reconversion et des stages opérationnels à plein temps d’une durée de 10 à 20 mois. Parallèlement, la création de Fonds d’investissement régionaux est recommandée pour soutenir les petits et moyens projets. Ces fonds offriraient des programmes de formation, de mentorat et des services d’incubation pour les jeunes entrepreneurs.
Soutenir les entreprises et limiter les défaillances
Pour favoriser le développement créateur d’emplois, l’AEI propose des mesures visant à soutenir les entreprises et à limiter les défaillances. Parmi ces mesures figurent la simplification des procédures et l’allègement de la fiscalité sur la transmission des entreprises viables. Des propositions incluent également l’autorisation d’une flexibilité de l’emploi à hauteur de 15 % des effectifs pour les entreprises en difficulté, la réduction de 50 % des charges sur salaire pendant cinq ans pour les employeurs avec des programmes de croissance, ainsi que la facilitation et la réglementation du travail à temps partiel, à domicile et à distance.
Intégration des unités informelles dans l’économie formelle
Une autre recommandation clé de l’AEI est l’intégration progressive des unités informelles dans l’économie formelle, avec une période d’amnistie de quatre ans pour permettre une transition vers le droit commun. Cette intégration serait soutenue par des centres régionaux d’aide aux entrepreneurs informels, leur offrant assistance et certification pour accéder aux commandes publiques et aux avantages prévus par la charte d’investissement.
Développement de l’emploi en milieu rural
Face aux défis climatiques et à la nécessité de favoriser l’emploi en milieu rural, l’AEI propose des actions ciblées pour améliorer l’employabilité des habitants ruraux et leurs conditions de vie. Les recommandations incluent le renforcement des infrastructures de transport, d’électricité et de connectivité internet, la formation des jeunes à des métiers pouvant être exercés à distance ou à domicile, et le développement du tourisme rural. Un programme d’appui à la petite production agricole, financé par le « Fonds de développement Rural », est également suggéré pour reconstituer le cheptel et les arbres détruits par la sécheresse.
Impulsion dans les énergies renouvelables et l’économie digitale
L’AEI recommande de multiplier les efforts dans les énergies renouvelables et l’économie circulaire. La création de clusters dédiés et la promotion de l’innovation dans ces secteurs pourraient non seulement répondre aux défis climatiques, mais aussi créer des emplois à haute valeur ajoutée. Le Maroc pourrait devenir un centre névralgique de la data et de l’intelligence artificielle en Afrique, attirant des talents internationaux et investissant dans la formation des jeunes Marocains dans les domaines de la haute technologie.
Un engagement fort pour l’éducation et la formation
Au cœur des recommandations de l’Alliance des économistes istiqlaliens se trouve un engagement fort pour l’éducation et la formation. Reconnaissant que les compétences d’aujourd’hui peuvent devenir obsolètes demain, l’AEI insiste sur la nécessité de requalifier la main-d’œuvre actuelle et de préparer les générations futures à des emplois qui n’existent pas encore. L’intégration de technologies avancées et de nouvelles méthodes pédagogiques dans le système éducatif est essentielle pour assurer que la jeunesse marocaine puisse rivaliser sur un marché du travail globalisé.
Les recommandations de l’Alliance des économistes istiqlaliens offrent une feuille de route claire pour stimuler l’emploi au Maroc. Elles exigent une action concertée de la part de tous les acteurs économiques et sociaux, y compris le gouvernement, les entreprises, les éducateurs et la société civile. La mise en œuvre de ces mesures pourrait non seulement répondre aux défis économiques immédiats, mais aussi positionner le Maroc comme un leader en matière de développement économique inclusif et durable dans la région.