La génération Z, née entre 1995 et 2010, représente aujourd’hui une part croissante des effectifs dans les entreprises marocaines. Confrontés à une jeunesse formée dans un monde en crise sanitaire, écologique, économique les employeurs doivent faire face à un changement de paradigme. Pour ces jeunes, le travail n’est plus seulement un moyen de subsistance, mais un levier d’accomplissement personnel. L’utilité sociale, l’éthique, l’environnement, mais aussi l’épanouissement personnel sont devenus des critères décisifs dans le choix d’un emploi. Selon l’ouvrage Manager la génération Z d’Élodie Gentina, l’entreprise qui souhaite recruter et fidéliser ces talents ne peut plus se contenter d’un discours convenu sur la performance ou la carrière. Elle doit prouver son engagement, démontrer sa transparence, offrir un cadre qui concilie liberté individuelle et cohérence collective. Une attente forte, qui trouve un écho particulier au Maroc où les aspirations des jeunes diplômés évoluent rapidement.
Une relation au travail redéfinie
Le rapport au travail de la génération Z se distingue nettement de celui de ses aînés. Loin de la loyauté hiérarchique ou de l’attachement à une entreprise, les Z privilégient la flexibilité, la diversité des expériences et l’autonomie. Leur fidélité se mérite, elle n’est plus automatique.
Au Maroc, le taux de chômage est élevé chez les jeunes diplômés, cette posture peut sembler paradoxale. Pourtant, elle traduit une nouvelle forme d’exigence : celle d’un travail porteur de sens, aligné avec les valeurs personnelles. Le CDI n’est plus une fin en soi. Ce qui compte, c’est la qualité de vie au travail, les perspectives d’évolution, et surtout, la possibilité de contribuer à quelque chose de plus grand que soi.
Le défi du management intergénérationnel
Manager la génération Z ne se contente pas de dresser un portrait sociologique. L’auteure propose des pistes concrètes pour adapter le management à cette population. Elle invite les dirigeants à abandonner le modèle descendant, autoritaire et rigide, au profit d’un leadership participatif, basé sur l’écoute, la reconnaissance et la co-construction.
Ce changement est d’autant plus nécessaire dans les entreprises marocaines, où le management reste souvent marqué par une culture de contrôle. L’approche préconisée par Élodie Gentina suggère d’impliquer les jeunes collaborateurs dans les décisions, de leur confier des responsabilités réelles, et surtout de leur offrir un feedback constant et constructif.
Les témoignages de DRH et dirigeants recueillis dans l’ouvrage montrent que cette transformation est possible. Certaines entreprises, au Maroc comme ailleurs, ont mis en place des dispositifs de mentorat inversé, des espaces de dialogue intergénérationnel, ou encore des programmes d’innovation collaborative qui permettent aux Z de s’exprimer pleinement.
Une génération agile mais exigeante
La génération Z ne manque ni d’ambition ni de compétences. Native du numérique, elle est à l’aise avec les outils collaboratifs, les nouvelles technologies, les méthodologies agiles. Elle peut être un formidable levier d’innovation pour les entreprises marocaines, à condition de lui offrir un environnement stimulant.
Toutefois, cette agilité s’accompagne d’une exigence élevée envers les employeurs. Un management flou, une culture toxique ou un manque de perspectives suffisent à provoquer un désengagement rapide. L’engagement de ces jeunes passe par une relation de confiance, nourrie par la transparence et la cohérence.
Le rôle stratégique des DRH
Dans cette mutation, les DRH jouent un rôle stratégique. Ils sont les premiers garants de l’attractivité de l’entreprise auprès des jeunes talents. Leur mission dépasse désormais le cadre administratif ou réglementaire : ils doivent incarner une vision RH porteuse de sens, et créer les conditions d’un management bienveillant, exigeant et évolutif.
Au Maroc, où les tensions sur le marché de l’emploi poussent les entreprises à se montrer plus compétitives, cette approche devient un impératif. Il ne s’agit plus seulement de gérer les ressources humaines, mais de construire une expérience collaborateur différenciante, centrée sur les valeurs, la flexibilité et l’écoute.
Vers une entreprise plus humaine et engagée
Le principal mérite de “Manager la génération Z” d’Élodie Gentina est d’éviter les généralisations faciles. Plutôt que de céder aux caricatures sur une jeunesse paresseuse ou instable, elle donne la parole aux intéressés et à ceux qui les encadrent. Elle montre que la génération Z est surtout porteuse d’une nouvelle exigence : celle d’un travail qui a du sens, d’une entreprise qui respecte ses engagements, et d’un management fondé sur la confiance.