De par la loi, l’abandon de poste peut être considéré comme une faute grave qui légitime le licenciement sans préavis ni indemnité et ni versement des dommages-intérêts, puisque le collaborateur, dans le cadre de son activité professionnelle, s’est engagé dans une relation contractuelle avec son employeur, qui l’oblige à être disponible durant un intervalle de temps précise. De ce fait, toute absence injustifiée engendre un déséquilibre au niveau de l’effectif en plus d’une baisse de rentabilité pour toute l’entreprise. Selon le Code du travail, l’abandon est une faute grave si le salarié s’absente pour quatre jours ou durant plus de huit demi-journées pendant une période de douze mois. En revanche, si l’absence ne dépasse pas ce nombre de jours précités, il ne s’agit pas d’une faute grave, mais l’employeur a tout de même le droit de prendre toute autre mesure disciplinaire dans le cadre de la loi.
Quel processus pour licencier un collaborateur après un abandon de poste ?
Après avoir pris conscience de l’absence d’un collaborateur, l’employeur donne la possibilité à cette personne de se justifier, et ce avant de procéder à son licenciement. Un délai de préavis de 8 jours doit être accordé au salarié pour se présenter avec tous ces justificatifs afin d’être écouté en présence du délégué des salariés. Encore, la lettre de décision de licenciement doit être remise contre accusé de réception. Cette lettre doit parvenir au salarié dans un délai de 48 heures après la prise de décision.
Or, l’employeur a tout le droit de prendre la précaution de contacter son collaborateur durant son absence pour essayer de comprendre les raisons de cette absence jusqu’à présent injustifiée, de contacter des numéros alternatifs concernant la personne en question, ou encore prendre la précaution d’informer immédiatement l’inspection du travail dès que l’absence non justifiée est remarquée. Dans ce dernier cas, l’inspection du travail sera le témoin de l’absence injustifiée et pourra couvrir l’employeur en cas de contestation après licenciement pour abandon de poste.
Quelles mesures disciplinaires prévues par la loi ?
Comme précité, une absence injustifiée du salarié qui n’excède pas 4 jours dans une même année ne peut pas engendrer un licenciement. Toutefois, le salarié qui s’absente doit être sanctionné par l’employeur. Ce dernier doit donner progressivement à son salarié en faute un avertissement, un premier blâme en cas de récidive, un deuxième blâme ou une mise à pied pour une durée de 8 jours maximum. Si l’absence du salarié en question persiste sans justificatif, l’employeur peut procéder à un troisième blâme ou transférer le salarié à un autre service ou dans un autre établissement de l’entreprise. Si, après toutes ces mesures et rappels à l’ordre, le salarié s’absente toujours, l’employeur peut prendre la décision de licenciement.
L’entreprise est insensible à un abandon de poste : c’est faux !
Contrairement à ce qu’on peut penser, les abandons de postes ne sont pas sans conséquences négatives pour l’entreprise. Tout d’abord, une question de coûts supplémentaires de recrutement et de formation se posera car lorsqu’un collaborateur quitte son poste, l’entreprise est dans l’obligation de trouver un remplaçant rapidement, ce qui peut entraîner des coûts supplémentaires et peser lourd sur la trésorerie. De plus, une perturbation des opérations et de la répartition des tâches est à prévoir vu que l’abandon de poste, aussi brusque qu’il puisse être, mènera à ce que les autres collaborateurs soient obligés de prendre en charge les tâches du collaborateur absent, ce qui peut entraîner une surcharge de travail et une baisse de la productivité. Outre cela, si le collaborateur en question possède des connaissances et des compétences uniques et importantes pour l’entreprise, la perte de cette personne peut être particulièrement dommageable pour la productivité.
En parallèle, et de manière générale, les abandons de postes, surtout s’ils sont récurrents, est une pratique nocive à l’image de l’entreprise des clients, des partenaires commerciaux et même de ses propres équipes.
De surcroît, cette pratique peut exposer l’entreprise à des risque de poursuites judiciaires si le salarié qui abandonne son poste avait des responsabilités importantes ou était impliqué dans des projets cruciaux pour l’entreprise, notamment si cette dernière ne parvient pas à le remplacer rapidement et efficacement.