Selon les dernières données publiées par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), le marché de l’emploi au Maroc a connu des bouleversements importants durant le deuxième trimestre de 2023. Les directeurs des ressources humaines (DRH) doivent impérativement prendre en compte ces mutations pour adapter leur stratégie de recrutement et de gestion des talents.
Premièrement, il est crucial de souligner la perte de 86.000 postes d’emploi durant le deuxième trimestre 2023, un déclin de 1%, marqué par une disparition de 198.000 emplois non rémunérés contre une création de 112.000 emplois rémunérés. La fracture entre le monde rural et urbain est nette : alors que les zones rurales ont subi une perte de 206.000 postes, le milieu urbain a vu la création de 121.000 emplois. Les secteurs des services, de l’industrie y compris l’artisanat et du BTP ont généré respectivement 103.000, 46.000 et 30.000 emplois, tandis que le secteur de l’agriculture, de la forêt et de la pêche a subi une perte de 266.000 postes.
Parallèlement, le volume global des chômeurs s’est accru de 156.000 individus, pour atteindre un total de 1.543.000 chômeurs au niveau national. Cette augmentation est perceptible aussi bien en milieu urbain (92.000) qu’en milieu rural (64.000). Les taux de chômage ont ainsi augmenté de manière significative, passant de 11,2% à 12,4% au niveau national, de 15,5% à 16,3% en milieu urbain, et de 4,2% à 5,7% en milieu rural. Les jeunes de 15 à 24 ans (33,6%), les diplômés (19,2%) et les femmes (17%) demeurent les plus touchés par cette situation.
En plus du chômage, le sous-emploi a augmenté, passant de 939.000 à 983.000 personnes, particulièrement dans les villes où on note une hausse de 49.000 individus. En termes de pourcentage, les taux de sous-emploi ont grimpé, passant de 8,5% à 9% au niveau national, de 7,7% à 8,4% en milieu urbain et de 9,6% à 9,9% en milieu rural.
L’analyse régionale du marché du travail révèle que cinq régions – Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra, Marrakech-Safi, Tanger-Tétouan-Al Hoceima et Fès-Meknès – concentrent 72,3% de l’ensemble des actifs. Ces régions sont aussi les plus affectées par le chômage avec Casablanca-Settat en tête, suivie de Rabat-Salé-Kénitra et de Fès-Meknès.
Face à cette situation complexe et préoccupante, les DRH doivent réagir de manière proactive. L’adaptation des stratégies de recrutement, la mise en place de formations adaptées aux besoins des secteurs créateurs d’emploi, et l’instauration de mesures d’accompagnement pour les travailleurs en transition, notamment en milieu rural, sont autant d’actions nécessaires pour faire face à ces défis.
En conclusion, le marché de l’emploi au Maroc traverse une période de transition et d’ajustement. Les DRH, en tant que moteurs de l’adaptation des organisations à leur environnement, ont un rôle clé à jouer pour accompagner cette transformation et préserver l’employabilité des ressources humaines du pays.