Il existe plusieurs manières de mettre en œuvre un projet intégrant du e-learning. Pour certains projets ambitieux et visant à mettre le digital au cœur de la formation, les préalables sont de pouvoir disposer d’une équipe de gestionnaires de la formation en mesure d’assurer la gestion du dispositif dans toutes ses dimensions. Oussama Esmili, Directeur Général d’Ideo Factory dresse les points les plus importants.
- Quels types d’entreprises ou de secteurs consomment-ils le plus du e-learning ?
Historiquement et c’est assez spécifique à notre pays, ce sont les administrations et les entreprises publiques qui ont été les premières organisations à opter pour une digitalisation partielle de leur formation. Dès le début des années 2000, une institution comme le ministère de l’Economie et des Finances disposait d’un service dédié au e-learning. Aujourd’hui, et depuis la crise sanitaire, on peut dire que le secteur privé est revenu en force. En plus des secteurs traditionnels tels que les banques et assurances, qui ont des contraintes de formation importantes associées à un éclatement géographique conséquent, nous voyons des entreprises dans le domaine de l’Industrie, du BTP ou encore du Tourisme s’intéresser à ce mode de formation en complément du présentiel.
- Quels sont les préalables pour le mettre en place ?
Il existe plusieurs manières de mettre en œuvre un projet intégrant du e-learning. Cela peut se faire de façon assez light, en laissant la part belle au présentiel. Dans ce cas, nous parlons de Blended Learning à dominante synchrone. On apporte une petite touche digitale en amont ou en aval d’une formation présentielle afin d’offrir par exemple des ressources complémentaires aux participants ou encore de les évaluer. Les préalables pour cela sont de réaliser une ingénierie, qu’on qualifiera d’ingénierie de parcours ou de modalités, afin d’associer à chaque parcours les modules e-learning disponibles à travers par exemple un catalogue.
En revanche, et pour certains projets plus ambitieux et visant à mettre le digital au cœur de la formation, les préalables sont de pouvoir disposer d’une équipe de gestionnaires de la formation en mesure d’assurer la gestion du dispositif dans toutes ses dimensions. Cela suppose une montée en compétence dans le domaine du e-learning et plus globalement du Digital Learning. Ces dernières années, avec la généralisation du Cloud, la contrainte technique est toutefois moins importante.
- Le projet e-learning est souvent partagé entre la DRH et la DSI. Y a-t-il un conflit d’intérêt entre les 2 directions ?
C’est un grand sujet, objet de débats passionnés depuis 20 ans, y compris au Maroc ! L’évolution des technologies et la généralisation du Cloud a tranché cette question en faveur des DRH. La DSI, dans ce cas, joue un rôle important d’assistance afin d’accompagner la DRH à opter pour la meilleure solution et veiller à ce que le système IT soit dimensionné de façon à permettre aux collaborateurs d’accéder à leurs parcours sans contrainte technique, essentiellement de bande passante disponible.
Lorsque la plateforme est implémentée au niveau du SI de l’entreprise ou de l’administration concernée, le rôle de la DSI devient dès lors plus intense. Dans les deux cas évidemment, il ne faut pas oublier qu’au-delà des technologies, le e-learning est avant tout une modalité qui vise à déployer à distance et de façon asynchrone des formations à des apprenants. Le vecteur est certes important, mais il ne doit pas occulter l’essentiel, à savoir le contenu et l’accompagnement des bénéficiaires.
- La palette des dispositifs est très diversifiée. A votre avis quels sont les plus courants ?
Il faut d’abord commencer par faire une distinction entre la formation synchrone qui, lorsqu’elle est à distance, porte le nom de classe virtuelle, et la formation asynchrone qui permet de lever les contraintes à la fois du temps et de l’espace et d’offrir du contenu préalablement digitalisé sous une forme ou une autre. Cela implique un déploiement via une plateforme qu’on appelle Learning Management System ou LMS. Les MOOC sont quant à eux des formations ouvertes et gratuites proposées par les grandes Universités de par le monde qui peuvent être accessibles à partir de certaines plateformes également. Au Maroc, le e-learning a été associé très vite à la mise à disposition de contenus transverses prêts à l’emploi et au développement de modules sur mesure répondant aux besoins des apprenants. Cette combinaison est gagnante car elle permet un ancrage du dispositif dans le contexte direct de l’apprenant. Le Mobile Learning, la réalité virtuelle et autres tendances n’ont pas encore vraiment connu leur heure de gloire dans notre pays. L’heure est plutôt à l’équipement en plateformes e-learning et au déploiement de contenu sur étagère ou sur mesure.
- Il existe également des plateformes open source. Sont-elles intéressantes ? Comment faire le bon choix ?
Les plateformes open source existent en effet et certaines d’entre elles sont très abouties. Leur intérêt est à analyser à la lumière de la nature du projet. S’il s’agit d’installer une plateforme dans le système de l’entreprise ou de l’administration, c’est plutôt vers l’open source qu’il faudrait aller, les éditeurs des plus grandes plateformes propriétaires ayant progressivement abandonné la logique d’installation chez le client. En revanche, si le projet consiste à externaliser entièrement la dimension technique à travers du Saas, il est beaucoup plus pertinent de faire son choix de plateformes e-learning dans le cadre des plateformes propriétaires. Elles sont plus orientées Corporate et plus adaptées au besoin des entreprises. La plateforme open source la plus répandue, Moodle, a avant tout une vocation universitaire. Cela se ressent dans sa structuration. Elle est donc moins adaptée à la formation continue.
- Comment faire l’évaluation des apprenants après une formation digitale ?
Si la digitalisation de la formation a plusieurs avantages évidents en matière de flexibilité par exemple ou de disponibilité, celui de l’évaluation des apprenants est certainement l’un de ses plus grands atouts. Les plateformes permettent de déployer une multitude de tests en aval et en amont des formations. Elles aident à piloter la formation et à faire un suivi précis des différents indicateurs identifiés.