Comment l’intelligence artificielle a-t-elle influencé la fonction RH de MCC ?
Fatima Zahra FATIH : L’intelligence artificielle est en train de transformer progressivement notre fonction RH chez MCC. Nous avons entamé cette transition en automatisant plusieurs tâches répétitives, notamment le tri des candidatures et l’analyse des performances des collaborateurs.
Cette automatisation nous a permis de gagner considérablement en efficacité et de libérer du temps pour nous concentrer sur des aspects plus humains, qui constituent le cœur de notre métier.
Au-delà de l’efficacité opérationnelle, l’IA nous offre également des perspectives intéressantes en termes de gestion des talents. Elle nous permettra, à l’avenir, de mieux personnaliser les parcours collaborateurs en tenant compte des spécificités de chacun, de leurs compétences et de leurs besoins de développement. Toutefois, il est crucial pour nous de bien intégrer ces outils tout en maintenant l’humain au centre de nos décisions et de notre culture d’entreprise. Chez MCC, nous considérons l’IA comme un outil au service de la fonction RH et non comme un remplacement de celle-ci. Elle apporte une aide précieuse en nous débarrassant des tâches répétitives et chronophages, mais c’est à nous, professionnels RH, de l’utiliser à bon escient pour renforcer l’engagement et l’expérience de nos collaborateurs.
Ainsi, l’enjeu principal est d’adopter une approche équilibrée, où la technologie vient en appui des relations humaines sans les supplanter. C’est pourquoi nous continuons à privilégier des processus décisionnels qui tiennent compte de l’humain, en intégrant l’IA de manière éthique et responsable. Notre priorité reste la valorisation de nos talents et le maintien d’un environnement de travail propice à leur épanouissement.
Comment l’IA a-t-elle impacté vos processus de recrutement ?
Fatima Zahra FATIH : L’intelligence artificielle a significativement impacté nos processus de recrutement. Au niveau opérationnel, nous avons intégré des chatbots basés sur l’IA pour répondre aux questions fréquemment posées par les candidats et les nouvelles recrues. Cette première étape de digitalisation a grandement contribué à améliorer l’expérience des candidats dès le premier contact.
Ensuite, nous avons mis en place un système d’automatisation pour trier et sélectionner les candidatures. Grâce à cette technologie, nous sommes désormais capables de traiter un grand nombre de CV et d’identifier rapidement les profils les plus adaptés à nos besoins. Par exemple, sur 300 candidatures reçues, l’IA nous permet de ressortir une trentaine de profils à forte pertinence, sur lesquels nos responsables recrutement peuvent ensuite se concentrer. Cela nous fait gagner un temps précieux et nous permet de consacrer nos efforts à des tâches à plus forte valeur ajoutée, comme les entretiens individuels et l’évaluation des soft skills des candidats.
L’intégration de l’IA dans notre processus de recrutement a également eu un impact sur la phase d’onboarding. En effet, nous avons automatisé une partie de ce processus, en utilisant l’IA pour créer une expérience d’accueil personnalisée pour chaque nouvelle recrue. Cela comprend des messages de bienvenue, la présentation de l’entreprise, et des suivis réguliers pendant la période d’essai. L’IA nous aide à assurer un accompagnement optimal des nouveaux collaborateurs tout en gardant une touche humaine, essentielle pour leur intégration réussie.
L’IA a-t-elle modifié le rôle et la structure de votre équipe RH ?
Fatima Zahra FATIH : Absolument, l’intelligence artificielle a influencé notre façon de travailler et la structure de notre équipe RH. Aujourd’hui, notre équipe RH se compose de 16 personnes, incluant les responsables du recrutement, de la formation, de l’administration et de la paie. Avec l’IA, nous avons pu automatiser de nombreuses tâches répétitives, ce qui a permis à nos collaborateurs de se concentrer sur des missions à plus forte valeur ajoutée.
L’impact de l’IA ne se limite pas à une simple automatisation ; elle a également changé la nature des métiers au sein des RH. Par exemple, certains postes ont vu leur scope évoluer pour inclure davantage d’analyse et de prise de décision. L’IA a libéré nos équipes des tâches chronophages, comme le tri des candidatures ou le suivi administratif, les laissant se consacrer à la dimension humaine de leur métier. Cette évolution permet de renforcer l’engagement des salariés et de favoriser un environnement de travail où les relations humaines sont au centre.
Ainsi, l’IA n’a pas pour vocation de remplacer les métiers RH, mais plutôt de les transformer. Elle aide à créer des profils RH plus polyvalents, capables d’interpréter les données fournies par l’IA pour prendre des décisions éclairées. Nous avons également mis en place un plan de reconversion pour certains collaborateurs afin qu’ils puissent monter en compétences et s’adapter à cette nouvelle ère de digitalisation. L’IA est un outil au service des RH, et non un substitut, qui nous pousse à recentrer nos efforts sur l’accompagnement des collaborateurs et l’amélioration de leur expérience.
Comment l’IA contribue-t-elle à la formation des collaborateurs ?
Fatima Zahra FATIH : La formation est un autre domaine où l’intelligence artificielle a un impact significatif. Chez MCC, nous avons mis en place un système de suivi de la performance basé sur l’IA, ce qui nous permet de personnaliser les parcours de formation en fonction des besoins individuels de chaque collaborateur. Ce système d’analyse nous aide à mieux comprendre les compétences existantes et les lacunes à combler, afin de proposer des formations plus adaptées.
Auparavant, nos programmes de formation étaient conçus de manière globale, mais grâce à l’IA, nous pouvons désormais aller vers des parcours plus spécifiques et ciblés. Par exemple, nous sommes en mesure d’identifier les collaborateurs qui nécessitent un accompagnement particulier sur un point précis et de leur proposer des modules de formation personnalisés. Cette approche permet d’optimiser l’efficacité de nos formations et d’améliorer l’expérience collaborateur.
De plus, nous sommes en train de déployer une plateforme de e-learning, alimentée par l’IA, qui permettra aux employés d’accéder à des contenus de formation sur mesure, selon leurs besoins et leur niveau de compétence. L’IA analysera les progrès de chaque collaborateur et recommandera des contenus adaptés pour favoriser leur montée en compétences. Cela nous permet non seulement d’offrir une formation continue, mais aussi d’anticiper les besoins de développement de nos talents. L’IA est donc un outil précieux pour le développement professionnel des collaborateurs et le renforcement de nos équipes.
Quel rôle l’IA joue-t-elle dans la gestion des données RH et l’éthique ?
Fatima Zahra FATIH : L’IA génère et traite une quantité importante de données, ce qui pose évidemment des questions d’éthique et de confidentialité. Chez MCC, nous sommes très attentifs à ces enjeux et nous veillons à respecter rigoureusement les réglementations en vigueur, telles que la CNDP au Maroc et le RGPD en Europe. Nous avons mis en place des audits réguliers pour nous assurer que nos outils d’IA sont transparents et exempts de biais.
L’un de nos principaux objectifs est de sensibiliser nos équipes aux enjeux liés à l’utilisation éthique de l’IA. Nous formons nos collaborateurs à la gestion responsable des données et nous veillons à ce que les informations personnelles de nos employés soient protégées. De plus, nous utilisons des technologies certifiées par des standards internationaux pour garantir la confidentialité des données collectées et traitées.
En interne, nous encourageons également l’utilisation de nos propres systèmes, notamment ceux alimentés par l’IA, plutôt que des outils gratuits ou externes, afin de minimiser le risque d’exposition des données sensibles. Ainsi, l’IA chez MCC n’est pas seulement un outil de performance, mais aussi un levier pour instaurer des pratiques éthiques dans notre gestion des ressources humaines.
L’IA peut-elle transformer d’autres aspects de la fonction RH, comme la rémunération ?
Fatima Zahra FATIH : Absolument, l’IA a un potentiel énorme pour transformer d’autres volets de la fonction RH, notamment la rémunération. Chez MCC, nous sommes actuellement en cours de développement d’un système d’IA dédié à cette tâche. La gestion de la paie comporte de nombreux aspects répétitifs et complexes, qui peuvent être optimisés grâce à l’IA. En automatisant ces processus, nous visons à permettre à nos équipes RH de se concentrer davantage sur l’analyse et l’amélioration des systèmes de rémunération, plutôt que sur des tâches purement administratives.
L’IA pourrait, par exemple, analyser les données de performance et proposer des modèles de rémunération plus adaptés et équitables pour chaque collaborateur. Cette approche permettrait non seulement de récompenser efficacement les performances individuelles, mais aussi de renforcer la motivation et l’engagement des salariés. C’est une évolution naturelle de la fonction RH vers plus de personnalisation et d’agilité dans la gestion des collaborateurs.
Comment voyez-vous l’avenir de l’IA dans les RH ?
Fatima Zahra FATIH : L’avenir des RH sera sans doute centré autour d’une combinaison entre l’IA et l’humain. Les professionnels RH devront acquérir de nouvelles compétences, notamment en matière d’analyse de données, pour maximiser le potentiel des outils d’IA. Ces derniers nous permettront de prendre des décisions plus éclairées, mais l’empathie, la créativité et l’intelligence émotionnelle resteront des qualités indispensables.
L’IA servira à renforcer nos capacités relationnelles et à nous libérer des tâches répétitives, mais elle ne pourra jamais remplacer le rôle de l’humain dans l’entreprise. La technologie nous pousse à évoluer, mais c’est à nous de l’intégrer de manière éthique et responsable, pour faire de nos organisations des lieux où le potentiel humain est pleinement valorisé et soutenu.