La période actuelle est souvent désignée comme période de récupération post-Covid. Les entreprises et les industries ne sont pas aussi restreintes par les mesures sanitaires que l’année dernière (ou se sont du moins plus adaptées), il y a eu une augmentation significative des taux de recrutement dans plusieurs pays, et la croissance économique devrait bientôt atteindre les taux de la période pré-pandémique. Néanmoins, la période de reprise est toujours incertaine, n’ayant pas atteint les niveaux projetés. Cette période, marquée par une croissance des VUCA (Volatilité, Incertitude, Complexité, Ambiguïté) du marché du travail, la guerre des talents qui pèse beaucoup plus lourd sur les industries de services, et une pénurie de main-d’œuvre dans les secteurs de la santé, le bâtiment, l’offshore et autres, a été défiante aux plans d’expansion de la plupart des entreprises dans le monde.
La volatilité du travail marché dépend généralement de l’évolution des tendances économiques, et désigne principalement un marché instable, où les périodes de recrutement et la réduction des effectifs sont imprévisibles. Cela peut affecter toute sorte d’entreprise. Plusieurs banques européennes comme Barclays et Crédit Suisse ont réduit leurs effectifs au cours des dernières années, et de même pour les compagnies aériennes, tandis que les domaines de Tech et e-commerce ont connu une croissance significative. La pénurie de main-d’œuvre était signalée à la fois comme une grosse perte de plusieurs emplois, ainsi qu’une crise de recrutement, jumelée à une difficulté persistante à gérer les équipes, et la nécessité de reconsidérer plusieurs aspects du travail. En cela, se manifeste une croissance unilatérale de l’emploi à travers les différentes industries ; une instabilité.
Il ne s’agit cependant pas uniquement d’une conséquence de la pandémie et de ses effets sur l’économie mondiale. La plupart de ces conditions ; la pénurie de main-d’œuvre, et l’évolution des liens entre employeurs et employés vont même avant Covid, mais se sont accélérées durant la pandémie. Cette volatilité se traduit par un raccourcissement en durée du cycle de vie des salariés, et une concurrence croissante entre les entreprises pour les talents. Les perspectives de recrutement, pour une entreprise, deviennent souvent incertaines en raison des tendances économiques, de la situation financière et de l’état d’avancement de leurs stratégies d’expansion. Autant d’éléments hautement imprévisibles, et encore plus en temps de crise.
À présent, cette volatilité a été plus ou moins prise pour acquise et considérée presqu’une normalité ; conséquence naturelle des conditions du paysage commercial. Néanmoins, la question de durabilité persiste toujours. Dans ce sens, la volatilité du marché du travail est-elle symptomatique de l’économie moderne, ou des modes de gestion appliqués qui ont besoin d’une transformation ? Est-il possible, au moins, de contenir cette volatilité ? La pandémie a en effet transformé la réalité des pratiques de travail et des entreprises, mais là encore, l’ensemble de la situation pourrait exiger une transformation structurelle.
La période de recrutement post-Covid s’est avérée la plus éprouvante, étant révélatrice de la nécessité de faire évoluer les pratiques RH. Les nombreuses innovations qui constituent désormais les sujets récurrents dans les revues de gestion et les processus d’entreprise, sont devenues nécessaires en tant que mesures pour faire face à la volatilité croissante du marché d’emploi. C’est l’aboutissement de plusieurs facteurs allant des tendances économiques et de la pandémie à l’évolution de la culture du travail, obligeant les entreprises à faire plus pour attirer et à retenir les meilleurs talents.
Plusieurs rapports, recherches et études ont tenté d’examiner cette volatilité, en tant que phénomène indépendant, ainsi que comme conséquence accélérée de la pandémie. Ces rapports présentent, à peu près, tous la même image ; un monde en mutation permanente, et des organisations qui essaient de suivre le rythme et maintenir leurs activités. Mais au-delà, les entreprises tentent activement de maintenir la même forme de stabilité qu’avant la pandémie, tout en expérimentant avec les innovations récentes. La VUCA croissante du marché du travail est peut-être le reflet d’une mauvaise gestion des objectifs, exacerbée par une crise et une période de reconsidération. La pandémie ne peut pas seule être la cause de cette volatilité. Point pris des nombreux facteurs, le monde de l’entreprise est actuellement en quête d’une croissance durable. Pourtant, que la volatilité du marché du travail, telle que nous la connaissons aujourd’hui, soit la nouvelle normalité, cela dépendra fortement des mesures prises pour développer les industries et créer plus d’emplois, ainsi que des liens entre employeurs et employés.