A la question sur laquelle porte le titre de cet article, s’il est possible ou non de déjouer un test psychométrique, la réponse est : pas si c’est un bon test ! Et donc, autrement reformulée : cela dépend du test. Il est quasiment impossible de tricher dans un test qui est conçu pour détecter la tricherie. Et même dans des tests n’étant pas très efficaces, côté détection de manipulation consciente ou inconsciente de l’interviewé, des solutions existent.
Même sans volonté de tricher à un test de personnalité, la plupart des gens sont sujets au biais de désirabilité socialité, qui consiste en une volonté de plaire, ou d’éviter de déplaire, une nécessité de se montrer sous un jour favorable en bref. Le fait est que cela ne concerne pas que les tests, cela concerne la vie généralement. Les gens simulent souvent ce qu’ils ne sont pas, si ce n’est devant les proches, alors sûrement devant les ou certains étrangers. Nul ne va créer des problèmes de voisinage en dévoilant son mépris de son voisin, n’est-ce pas ? Alors le patron ou le futur patron, n’en parlons même pas. Faire semblant est quasiment une constante de l’être humain lambda (comme nous), et ce, dans la majorité des contextes qu’il vit. C’est un pro… Autant dire qu’il ne ratera sans doute pas le ratage de son test ! Et qu’il ne répondra honnêtement qu’aux questions qui le montrent, comme on l’a dit, sous un bon jour. D’ailleurs, en France, des études dévoilent que 75% des candidats embellissent leur CVs, de manière volontaire et prémédité, ou mentent délibérément au sujet de leurs diplômes. Quant aux entretiens d’embauche, les candidats ont tendance à exagérer leurs qualités et à sous-estimer ou taire leurs faiblesses.
C’est humain…
Mais, tout cela, les éditeurs de « bons » tests le savent déjà. Pour les questionnaires de types ipsatifs, il faut par exemple choisir entre des réponses mêlant plusieurs dimensions (par exemple collaboration et respect des règles). Donc, il est difficile de tricher, sous peine de se contredire à un moment ou un autre. Pour faire bref, les éditeurs de tests professionnels de personnalité – les meilleurs – ne sont pas idiots. Ils savent que les gens seront tentés par l’embellissement de leur profil.
Par contre, pour les questionnaires normatifs où une seule dimension est prise en compte dans chaque question (par exemple le respect des valeurs), il est plus ou moins facile de cocher la réponse qui semble ne pouvoir que plaire au patron. Mais là aussi les éditeurs de bons tests ne sont pas dupes et intègrent dans leurs calculs la mesure de la désirabilité sociale. Ne pas hésiter à s’informer sur ces sujets, auprès des fournisseurs, et – bien entendu – de s’informer parallèlement. Car, comme dit l’adage marocain : c’est la mère qui encense le plus la mariée.
Conseil :
Il est conseillé, avant le début du test, d’informer candidats ou collaborateurs de la nécessité de répondre sincèrement aux questions et de faire bien gaffe au biais de désirabilité sociale. Expliquer en quoi ce genre de tests est utile et pourquoi il est positif et pour l’entreprise et pour le candidat ou collaborateur (l’épanouissement) est également souhaité. En outre, il vaut mieux expliquer que les tests prennent en compte l’aspect tricherie et biais de désirabilité sociale dans les calculs, et qu’il vaut donc mieux répondre sans essayer de se faire passer pour qui on n’est pas. Sans oublier de leur préciser, aux candidats, qu’il y aura probablement un entretien et une discussion portant sur la personnalité. Quant aux déjà collaborateurs, il est évident qu’ils sont déjà relativement « connus ». Et donc que des résultats non concordants avec ce qu’on en a déjà vus seraient vite découverts.
Bien entendu, il faut l’art et la manière d’informer de ces choses ; il faut du tact. Mais pour les expliquer, dans cet article, rien ne vaut le bon vieux « direct », telle l’ordonnance écrite n’importe comment par le médecin à l’attention de l’unique pharmacien (qui ne fait que lier cet odieux scribouillage avec des noms de médicaments qu’il connaît déjà).