L’annonce royale de l’annulation exceptionnelle de l’Aïd Al-Adha cette année au Maroc a déclenché une réflexion stratégique au sein des entreprises marocaines quant au maintien des avantages sociaux traditionnellement accordés à leurs collaborateurs. Cette fête religieuse, synonyme de partage et de solidarité, constitue un moment clé pour les entreprises qui saisissent cette occasion pour renforcer la cohésion sociale à travers des primes financières, des cadeaux symboliques ou encore des congés supplémentaires.
Dans ce contexte inédit, DRH.ma a mené une enquête approfondie auprès de 248 directeurs des ressources humaines (DRH) issus de PME et de grandes entreprises marocaines (effectifs de plus de 250 salariés). L’objectif était d’évaluer les choix des entreprises face à cette situation exceptionnelle : maintien, réduction ou suppression des avantages accordés à l’occasion de l’Aïd. L’étude visait également à analyser les motivations sous-jacentes à ces décisions et les populations concernées.
Les résultats de cette étude mettent en lumière la volonté des entreprises marocaines de préserver un climat social apaisé en maintenant les avantages liés à l’Aïd, tout en adoptant des stratégies de ciblage différencié selon les catégories de collaborateurs. Voici les principaux enseignements de cette enquête.
Maintien majoritaire des avantages traditionnels : un signal fort de reconnaissance
Historiquement, les entreprises marocaines ont accordé des avantages spécifiques à l’occasion de l’Aïd Al-Adha, illustrant ainsi leur engagement envers leurs collaborateurs. Selon les résultats de l’enquête, 96 % des entreprises interrogées ont confirmé avoir maintenu ces pratiques au fil des années, témoignant d’une continuité dans les politiques de reconnaissance sociale.
Parmi les avantages octroyés en 2024, la prime financière domine largement, avec 99 % des entreprises ayant choisi cette option. Les cadeaux symboliques (moutons, bons d’achat, etc.) arrivent en seconde position, accordés par 18 % des entreprises, suivis par les prêts sociaux (10 %) et les congés supplémentaires (5 %). Cette diversité d’avantages reflète une volonté d’offrir des gestes concrets de reconnaissance adaptés aux attentes des collaborateurs.
Décisions pour l’Aïd Al-Adha 2025 : continuité privilégiée malgré l’annulation
Face à l’annulation exceptionnelle de l’Aïd Al-Adha cette année, les entreprises marocaines ont dû s’adapter rapidement pour décider du maintien ou non des avantages accordés à leurs collaborateurs. L’étude révèle que 67 % des entreprises ont choisi de maintenir les avantages sans modification, soulignant une volonté affirmée de préserver la motivation des collaborateurs et d’éviter des tensions sociales.
Cependant, 20 % des entreprises sont encore en phase de réflexion, pesant les implications financières et organisationnelles avant de prendre une décision finale. Une minorité d’entreprises (8 %) envisage de réduire partiellement ces avantages, tandis que 5 % ont opté pour une suppression exceptionnelle cette année, une décision motivée principalement par des contraintes budgétaires.
Le choix de maintenir ces avantages, malgré la conjoncture exceptionnelle, témoigne de la volonté des entreprises de privilégier la stabilité sociale. Toutefois, les entreprises en réflexion ou envisageant une réduction partielle soulignent les pressions économiques et les incertitudes budgétaires qui les poussent à moduler leurs politiques sociales.
Ciblage des bénéficiaires : vers une rationalisation des pratiques sociales
L’enquête révèle également une évolution dans le ciblage des bénéficiaires. En 2024, 91 % des entreprises accordaient ces avantages à l’ensemble des collaborateurs, affirmant une politique d’inclusion sociale généralisée. Cependant, pour 2025, cette proportion diminue légèrement à 61 %, tandis que 39 % des entreprises prévoient de limiter ces avantages aux ouvriers et employés.
Cette tendance traduit une volonté des entreprises de rationaliser leurs pratiques, tout en maintenant un engagement envers les populations les plus vulnérables. Cette approche ciblée reflète une gestion plus stratégique des ressources, avec une attention particulière portée aux catégories de collaborateurs les plus exposées aux contraintes économiques.
Motivations des décisions : préservation de la motivation et respect des usages internes
Les motivations des DRH pour maintenir ces avantages s’articulent principalement autour de trois axes majeurs :
- Préserver la motivation et la reconnaissance des collaborateurs (60 %) : Cette motivation reste la plus prépondérante, les entreprises souhaitant éviter toute démobilisation ou perte d’engagement en période de crise.
- Respecter les usages internes et la continuité des pratiques sociales (33 %) : La pérennité des pratiques sociales constitue un levier important pour maintenir la cohésion organisationnelle.
- Éviter un climat social tendu (13 %) : Les DRH sont conscients que la suppression des avantages peut générer des tensions et nuire au climat social.
Cette hiérarchie des motivations met en avant une gestion proactive des relations sociales, les entreprises privilégiant une continuité des pratiques pour éviter toute dégradation du climat interne. Les DRH adoptent ainsi une approche équilibrée, alliant reconnaissance sociale et adaptation aux contraintes économiques.
Les avantages accordés à l’occasion de l’Aïd Al-Adha jouent un rôle clé dans la motivation et la fidélisation des collaborateurs. Maintenir ces avantages, même en l’absence de célébration officielle, envoie un signal fort de reconnaissance, renforçant ainsi l’engagement des salariés. Les entreprises marocaines, conscientes de l’importance de cet équilibre, font preuve d’une grande résilience en adaptant leurs politiques sociales pour préserver le moral des équipes.
Perspectives : vers une adaptation durable des politiques sociales
Les tendances observées suggèrent une adaptation progressive des politiques sociales au sein des entreprises marocaines. La majorité des DRH continuent d’afficher une volonté de maintenir les avantages liés à l’Aïd Al-Adha, tout en adoptant une approche plus ciblée pour optimiser les ressources disponibles. Cette dynamique illustre un souci d’équilibre entre continuité des pratiques sociales et adaptation aux réalités économiques.
Aussi, l’émergence d’une flexibilité accrue dans la gestion des avantages traduit une maturité organisationnelle croissante. Les entreprises marocaines adoptent désormais des approches plus différenciées pour répondre aux attentes variées des collaborateurs tout en tenant compte des contraintes budgétaires. Cette capacité d’adaptation sera un facteur clé pour assurer une stabilité sociale durable.
L’étude menée par DRH.ma met en lumière la capacité d’adaptation et de résilience des entreprises marocaines face à l’annulation exceptionnelle de l’Aïd Al-Adha. La majorité des entreprises ont choisi de maintenir les avantages liés à cette occasion, reflétant ainsi une volonté affirmée de préserver la motivation des collaborateurs et d’éviter les tensions sociales. Toutefois, une légère évolution vers une limitation des bénéficiaires témoigne d’une gestion pragmatique des ressources.
À travers ces choix stratégiques, les entreprises marocaines réaffirment leur engagement envers leurs collaborateurs, tout en adoptant des pratiques flexibles pour s’adapter aux défis économiques. Cette approche équilibrée entre continuité sociale et adaptation conjoncturelle constitue un modèle de gestion RH durable et responsable pour les années à venir.