Au Maroc, la question de l’intégration socio-économique des jeunes, notamment ceux classifiés comme jeunes NEET (ni en emploi, ni en éducation, ni en formation), demeure un défi majeur. Ces jeunes, souvent invisibles aux yeux des politiques publiques, représentent un quart de la population jeune du pays. Une décortication des causes de ce phénomène permettrait d’envisager des solutions pour y remédier.
Profil et défi des jeunes NEET
Les jeunes NEET au Maroc sont principalement des femmes, avec un taux de féminisation de 72% et une prédominance dans les zones rurales. La vulnérabilité de cette population est aggravée par un niveau d’éducation souvent faible, avec 40% n’ayant aucun diplôme ou seulement le niveau primaire. Le Haut Commissariat au Plan estime à 1,5 million le nombre de jeunes NEET, ce qui représente non seulement un gâchis de potentiel humain mais aussi une bombe à retardement sociale et économique.
Les causes multifactorielles
La persistance des jeunes NEET au Maroc est le résultat d’un cocktail complexe de facteurs économiques, sociaux, et éducatifs :
- Système éducatif défaillant : le décrochage scolaire massif est la première porte de sortie vers le statut NEET. Chaque année, plus de 331 000 jeunes quittent l’école, souvent en raison de l’échec scolaire, des difficultés d’accès aux établissements ou de l’insuffisance de l’offre de formation professionnelle.
- Transition difficile vers le marché du travail : la majorité des jeunes NEET sont des primo-demandeurs d’emploi qui trouvent les portes du marché du travail fermées, principalement à cause de l’inadéquation de leur formation avec les besoins des employeurs.
- Conditions socio-économiques : les barrières sociales et culturelles, notamment dans les zones rurales, restreignent l’accès à l’éducation et à l’emploi, particulièrement pour les femmes.
Stratégies d’intégration
Face à ce tableau peu reluisant, des stratégies d’intégration doivent être mises en œuvre :
- Amélioration du système éducatif : renforcer l’accessibilité et la qualité de l’éducation et de la formation professionnelle.
- Soutien à la transition vers le marché du travail : créer des ponts entre le système éducatif et le marché du travail par des stages, des formations en alternance et un meilleur service d’orientation professionnelle.
- Programmes d’intégration ciblés : développer des programmes spécifiques pour les jeunes NEET, en particulier pour les femmes et les résidents ruraux, afin de leur offrir des opportunités d’emploi ou de formation adaptées à leurs contextes.
L’intégration des jeunes NEET est non seulement un impératif économique mais aussi un enjeu de stabilité sociale. La solution au problème NEET ne réside pas uniquement dans l’amélioration des chiffres de l’emploi, mais dans une approche holistique qui considère l’éducation, la formation et l’emploi comme des composantes d’un même écosystème.